En 1929, l’expansion de l’univers a été démontrée par Edwin Hubble, mettant fin à l’idée d’un cosmos statique. La seconde loi de la thermodynamique impose que l’entropie globale ne cesse d’augmenter. Plusieurs modèles cosmologiques, pourtant, continuent d’intégrer l’idée d’un univers sans commencement ni fin.
Des traditions philosophiques et religieuses soutiennent la notion d’éternité, en contradiction avec certaines prédictions scientifiques actuelles. Les débats persistent, alimentés par des découvertes récentes sur la matière noire, l’énergie sombre et la structure du temps.
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Aux origines du concept d’éternité : entre mythe, philosophie et religions
Depuis les premiers récits humains, la perspective d’un univers éternel intrigue autant qu’elle divise. Les civilisations antiques transmettaient oralement des mythes où l’univers, sans début ni fin, voyait dieux et forces naturelles s’entremêler dans un cycle perpétuel. Les cosmogonies mésopotamiennes et grecques, par exemple, évoquent un chaos originel qui ne disparaît jamais vraiment de la scène cosmique.
Rapidement, la philosophie s’est emparée de cette idée vertigineuse. Aristote défend l’existence d’une matière éternelle, jamais créée ni détruite. Plotin, lui, imagine un monde issu du divin, mais sans commencement brutal. Cette vision traverse les siècles et resurgit dans les débats du Moyen Âge, où s’opposent deux conceptions : d’un côté, le christianisme affirme une création unique, posant un début au temps ; de l’autre, certains penseurs arabes et juifs, s’inspirant d’Aristote, soutiennent que le monde n’a jamais attendu d’être, affirmant son éternité.
Ces discussions traversent toute l’histoire de la philosophie, irriguent la scolastique et marquent la modernité. Au fil du temps, la raison humaine s’interroge : notre univers s’est-il imposé à la suite d’un événement singulier, ou s’inscrit-il dans un cycle infini ? Des auteurs comme Marcel Conche relisent l’héritage antique pour remettre en question la soi-disant évidence du mythe du Big Bang. Même la science, avec ses outils sophistiqués, hésite parfois à trancher, laissant en suspens l’idée d’une éternité oscillant entre croyance et raison.
L’univers a-t-il un commencement ou une fin ? Les grandes théories scientifiques
La science s’est longtemps heurtée à l’énigme des origines. Le Big Bang s’impose désormais comme le récit dominant : il y a près de 13,8 milliards d’années, le cosmos aurait surgi d’une singularité, un point de densité extrême, dépourvu de dimensions. Cette théorie, fruit des travaux d’Einstein, Hawking ou Penrose, évolue encore au gré des découvertes et des débats contemporains.
Les scénarios en débat
Différentes pistes s’affrontent dans la communauté scientifique. Voici les principales hypothèses à connaître :
- Le Big Bang marque-t-il l’origine de tout, ou seulement l’apparition d’un état observable de l’univers ? Les premiers instants échappent encore à toute certitude.
- Certains modèles, comme l’univers cyclique, proposent une succession d’expansions et de contractions où l’univers ne connaît ni véritable commencement, ni fin ultime.
- Différents scénarios de fin se dessinent : Big Freeze, Big Crunch ou Big Rip, chacun esquissant un avenir radicalement différent pour le cosmos.
Au fond, la science contemporaine ne livre pas de vérité universelle. Le récit du Big Bang fascine et divise à la fois. Les chercheurs s’appuient sur des observations à l’échelle de milliards d’années-lumière pour décrire l’évolution du cosmos, mais la question de “l’avant” reste une frontière incertaine. Le mystère demeure : avons-nous affaire à un commencement, à une éternité, ou à une suite de cycles sans fin ? Plus la recherche progresse, plus les certitudes se dissipent.
Ce que la science moderne révèle sur la durée de l’univers
Depuis un siècle, la science moderne mobilise des instruments inédits pour ausculter le temps cosmique. L’univers se révèle mouvant, en expansion permanente, loin de toute immobilité. Les astrophysiciens scrutent la lumière fossile émise peu après le Big Bang, retraçant une histoire de près de 14 milliards d’années.
Au fil des recherches, les mesures de densité de matière et l’étude de l’énergie sombre déplacent les perspectives. L’instant présent n’est qu’un point sur une trajectoire vertigineuse. À l’heure actuelle, une majorité de modèles prévoient une expansion de plus en plus rapide, sous l’effet d’une énergie mystérieuse. Cette dynamique donne lieu à plusieurs scénarios, dont les contours restent débattus.
Quelques scénarios débattus
Voici les principales voies envisagées par la communauté scientifique :
- Expansion sans fin : un univers qui se dilate éternellement, allant vers un refroidissement général. Les galaxies s’éloignent, les étoiles disparaissent, la matière se disperse jusqu’à devenir méconnaissable.
- Rupture : dans certains modèles, l’expansion accélérée finit par détruire toutes les structures, jusqu’aux atomes eux-mêmes.
Dans tous les cas, la science ne prétend pas livrer une réponse définitive. L’univers ne semble pas éternel au sens où l’entendaient les anciens, mais suit une trajectoire où chaque découverte complexifie la compréhension. Cette prise de conscience de l’impermanence du monde bouscule nos certitudes et nos représentations.
Éternité, finitude et sens : quelles questions pour la pensée contemporaine ?
La réflexion sur l’éternité de l’univers traverse aujourd’hui la philosophie contemporaine avec une intensité renouvelée. Les avancées scientifiques déplacent sans cesse les limites du savoir, forçant chacun à reconsidérer son rapport à la finitude. L’idée d’un monde immuable, partagée par de nombreuses traditions, cède du terrain. Face à ce bouleversement, la raison se confronte à la nécessité d’un commencement, à la possibilité d’une fin, et interroge le sens de l’existence humaine dans un cosmos infini.
Les débats se multiplient. Pour certains, le recul de l’éternité remet en question la figure d’un dieu créateur, ouvrant la voie à une pensée qui fait confiance à la seule raison. Pour d’autres, la science devient un outil pour explorer le sens, la contingence et la nécessité de ce qui est. Cette interrogation dépasse la seule cosmologie, nourrissant la réflexion sur la liberté, la responsabilité et l’éthique.
Des philosophes des sciences tels que Marcel Conche ou Hans Jonas explorent ces tensions entre lois physiques et quête de sens. La science propose des modèles, des hypothèses, sans jamais fermer la porte à l’inconnu. Cette incertitude ne mine pas la pensée : elle l’alimente, aiguise l’esprit critique et rappelle que les certitudes sont fragiles. Sur la corde raide entre fini et infini, philosophie et sciences poursuivent leur conversation, main dans la main, avec pour seul horizon la promesse d’autres énigmes à explorer.


